Archives de catégorie : Album

Comme tout n’est pas simple (locution hautement plus raisonnable que “rien n’est simple”), je dois avouer que la mise en forme de mon album Le soliloque est plus ardue que prévue.

En effet, c’est l’aboutissement de 5 ans de travail pour les chansons les plus anciennes et j’ai donc dû tout réécouter pour tendre vers une cohérence.
Et puis ce sont 16 et non pas 14 chansons qui sont prêtes (et encore, j’en ai mis 2 ou 3 de côté).

J’opte donc pour une approche différente ; ce sera un double album.
ça n’a l’air de rien comme ça.
On se dit “ouais ben un double album c’est un album qui tient pas sur un seul disque…”

Peut-être aussi, mais ce que je crois avoir souvent observé dans les doubles albums, c’est qu’ils révèlent un projet, une réalisation unique et cohérente qui n’a pas pu s’exprimer dans une durée standard. Ces albums là, je les écoute comme des ensembles . Je pense bien sûr à “The Wall” mais aussi à “Tommy” des Who.

Comme ces exemples, à mon humble niveau, je vais donc essayer de construire une narration au fil des chansons, faire en sorte qu’elles se répondent, qu’elles se complètent, musicalement mais aussi pour les textes et les thématiques.
Le soliloque reste le thème central mais par extension, il y aura aussi celui de la parole, du dialogue, du non-soliloque.
Ce sera une façon de dire que se taire est éloquent et que parler est peut-être aussi, parfois, inutile.
Et bien sûr, la quinzième chanson que je vais vous présenter s’appelle… “Silence”. Je sais, je suis trop drôle.

Chris 2021

sessions acoustiques

  1. Lumière Chris Aubois 04:42
  2. Eléa Chris Aubois 08:00
  3. Alphabet Chris Aubois 04:35

Pour ce début d’année, j’ai décidé de finir l’album “Le soliloque”. Toutes les chansons sont enregistrées et vous avez pu les découvrir au fur et à mesure. Il ne me reste qu’à choisir l’ordre des 14 chansons (oui, 14, quand même), à créer les visuels, à imaginer l’unité et la cohérence pour en faire un véritable album.

En attendant, j’ai eu envie de réexplorer certaines de mes anciennes chansons. Voici donc 3 nouvelles versions complètement acoustiques.
ça signifie que je n’ai utilisé que des instruments réels, en prises directes, soit en acoustique simple, soit par la prise de son d’un ampli (une fois en fait pour le solo de guitare électrique de “Eléa”).

Mon choix s’est porté sur les chansons que j’ai écrites pour chacun de mes enfants.
Il y a donc  :
“Lumière” pour Lucas
“Eléa” pour …et bien…Eléa 🙂
“Alphabet” pour Raphaël et la fratrie

  • Lumière

“Lumière” est dédiée à Lucas.
Il y a ma guitare ED-2 de Maestro, jouée 2 fois : A droite avec capodastre en case 1 et à gauche avec capodastre en case 6 ; ça permet d’obtenir une spatialisation du son et un flottement des notes (très remarquable pour une écoute au casque). J’ai ajouté mon métallophone. C’est un instrument que je possède depuis 35 ans. J’aurais pu choisir une version synthé du même instrument, plus facile à mixer mais je voulais respecter mon deal acoustique. Vous retrouverez aussi ma guitare classique Yamaha CG-131S pour le solo en milieu et fin de morceau.
La première version de cette chanson se trouve dans mon album “Aleph/Le roman et l’étincelle”.
Le texte joue sur le sens premier de Lucas qui vient (je crois) du mot lux qui veut dire (souvenez-vous de vos cours de latin) “Lumière”. La chanson en explore donc le champ lexical  : chambre noire, obscurité, photon, azur (Lucas est un garçon), prisme, etc. Mais aussi de ce qui dévie la lumière : la gravité, la singularité (horizon des évènements dans un trou noir). La phrase “ce n’est pas un lux qui soit” fait bien sûr référence à Fiat lux.
Pour le titre de l’album “le roman et l’étincelle”. L’étincelle, c’est encore cette lumière.
Le roman, c’est la “Nuit des temps” de René Barjavel.

  • Eléa

“Eléa” est d’abord un roman de Barjavel et le prénom de l’héroïne de ce roman.
C’est aussi le prénom que nous avons choisi pour notre fille dès 1992 alors qu’elle n’est née qu’en 2004.
Je l’ai déjà avoué, la musique de cette chanson est complètement inspirée de la chanson “Again” de Archive. Je pense toutefois m’en éloigner un peu avec cette version acoustique.
Il y a ma guitare ED-2 à gauche sans capodastre et mon autre maestro EO-1 à droite, toujours sans capodastre.
Contrairement à “Lumière”, l’arpège est quasiment identique. C’est cette façon de faire qui créé la sensation de stéréo. Les guitares n’ayant pas tout à fait la même tessiture, le son n’en est que plus riche. Il y a ma voix deux fois.
Il y a aussi le solo joué sur ma Telecaster Squier Classic Vibe avec capture sur un micro dynamique TB75 (imitation pas mal réussie d’un SM57) devant un ampli à lampe Blackstar HT5 .
Pas grand chose à dire sur le texte. Il parle de ma deuxième émotion d’être redevenu père et du long moment qui s’est écoulé entre l’instant où nous avions imaginé Eléa et sa venue.
La première version de cette chanson est aussi sur “Aleph/le roman et l’étincelle”
Jamais deux sans trois dit-on souvent.

  • Alphabet

” Alphabet”. Jamais 2 sans 3. Et pourtant, si cette chanson n’est pas sur l’album dédié aux enfants mais sur “Janus”, c’est parce que nous ne pensions pas repartir une troisième fois pour l’aventure parentale. Raphaël est né en 2007 suite à une campagne de lobbying de Sève qui ne se voyait pas s’arrêter à deux.
Toujours le ED-2 à gauche et à droite. Sans capodastre à gauche et capo en case 7 à droite, pour donner ce petit air de mandoline. A ça s’ajoute le Kalimba que mes 3 enfants m’ont offert pour noël 2020. Aussitôt reçu, aussitôt utilisé (donc pas très bien…).
L’alphabet, c’est l’idée de la composition génétique, le mélange aléatoire dont on ne peut pas prévoir le résultat, et l’angoisse qui va avec (une lettre de trop) quand on décide de faire des enfants à presque 40 ans.

Les prises de son des guitares acoustiques ont été faite avec un micro statique AKG P170 et les voix avec un Bluebird SL à condensateur.

La pochette des chansons provient de mon cadeau de fête des pères 2012.

J’espère que vous apprécierez la douceur que j’ai essayé de communiquer dans ces trois chansons. Elle la manifestation de la tendresse et de l’amour que j’ai pour ma fille et mes fils.

Chris 2021

 

I care us or Icarus (presentation english version by Francis)

I’ve been playing various versions of the piano version of this song for many years, but I think its first public airing was on a Brittany Ferries boat, crossing the famous “manche” or English Channel as we prefer to call it. It was an overnight crossing, and I had spotted the grand piano in the appropriately named “piano bar”, and looked forward to a pleasant evening of ivory tinkling, delivered by a professional player. However after a small amount of patience, with a second drink in hand, it became apparent that our evening was to be diminished by the lack of a pianist. With a certain amount of Dutch courage I applied at the bar for the replacement role, which to my surprise was duly accepted. To a round of applause I lifted the keyboard lid, and it then dawned on me that an expectant audience would demand a certain quality of gentle smooth playing, which is not really my style. What could I open with? Then, as if by magic, three seconds later, a new gentle version of “I care us” flowed from my fingertips. Encouraged by the appreciative sounds from the tables, I continued for an hour, playing in a new, softer style.

Many years later, at Chris’s studio, we had just finished our previous track. “What’s next?” he said. Eyeing the electric piano nearby, and with the help of a long cable, I played a couple of my creations including this track. “That one” he said. “Have you got lyrics for it? “. “Well” I said hesitatingly , “You know you like Greek things”, to which he replied “Yes, like kebabs”, which I must say still makes me laugh now when I think of it. My response was “haha more like Greek mythology” knowing full well that Chris was well read in this subject. Well the long and the short of it was that although I had originally envisaged this song to be harder with tougher lyrics, I had also an alternative “flying wings” analogy in my head. The story of Icarus, and his ill-fated flight of freedom seemed to be an appropriate starting point. This idea was met with some enthusiasm, and we re-constructed the story, making a few alterations to the original. The lyrics are all from the Minotaur’s point of view, and in our version he creates the wings using magic, but is let down again by Icarus’s father….We had a lot of fun writing this, and it has been a year in production. Look out for Chris’s incredible guitar and bass throughout the song, and especially in the instrumental sections, and the saxophone courtesy of Djé (from LR6 band. I am really happy with my vocals in this, and I must thank Chris for mixing and mastering this track to such a high quality.

Francis2020

Vers la présentation française par Chris : version française

Version Youtube de la chanson pour encore plus de partage

 

Ce que tu sais

ça faisait longtemps, non ?
Le 2ème confinement 2020 (j’espère que quelqu’un lira ces lignes plus tard et ne verra pas du tout de quoi je parle) ne m’a pas forcément laissé plus de temps que j’en avais auparavant. De plus, je fais partie de ces personnes qui ne savent pas prendre les moments qu’on leur donne mais qui préfèrent faire des choses quand elles n’ont pas de temps.

Cette nouvelle chanson, je ne la signe donc définitivement plus JeanSol. Je reviens à ma vraie identité.
Le texte a une histoire qui permet sans doute de mieux comprendre le style d’écriture.  Aux dires des premiers retours, j’y serais plus prosaïque que d’habitude.
L’idée du titre et du contenu me sont venu lorsque je devais avoir 16 ou 17 ans.
A cette époque, j’étais entouré de fumeurs de substances interdites par la loi.
Je n’ai jamais eu d’attrait pour la fumette. Chacun fait ce qu’il veut avec ses attirances et j’ai moi-même d’autres addictions.

Toutefois, je me souviens de ce jour où ce cher R. avait débarqué tout excité chez ce non-moins cher T. en lui susurrant au creux de l’oreille :
– “j’en ai !”
–  “Mais quoi ?” lui avait répondu T.
– “Ben, ce que tu sais” avait alors dit R. étonné qu’il ait dû être aussi explicite.

J’avoue que ce jeu de Tartufe ne me rendait pas hilare. Je trouvais franchement ridicule cette discrétion pudique qui ne trompait personne.
Voilà pour le titre.

Au risque de passer pour un adhérent des jeunesses du RPR (là, je suis sûr que certains ne voient déjà plus de quoi je parle), je n’ai jamais été un défenseur d’une liberté qui consiste à avoir le droit de se détruire à petit feu pour ce qu’on nomme des paradis artificiels et qui vu de dehors ressemblent plutôt à l’idée édulcorée que je me fais de l’enfer.  J’avais donc à ce moment écrit un texte peut-être un peu moralisateur, un peu premier degré.
Je n’avais pas de prétention à avertir. Je m’imaginais simplement en train de m’adresser à un proche qui sombre.
La musique et la mélodie étaient déjà les mêmes qu’aujourd’hui mais sous une forme d’une balade un peu mole tout empreinte de mon esprit baba-cool de l’époque. Et pas si cool que ça finalement ?

La musique
Le dernier concert que j’ai eu juste le temps de voir avant le 1er confinement (cf la même remarque qu’au début), ce fut Mademoiselle K.
Une jolie claque musicale avec un rock âpre et crâneur, une posture assumée et complètement décomplexée.
Je me suis dit : “ça serait cool de faire un truc comme ça !”
J’ai cherché dans mon stock (il m’en reste ! Il m’en reste !) et je suis retombé sur cette chanson.
J’ai banché ma Telecaster sur une émulation d’ampli Orange et j’ai trouvé le riff.
Je n’ai presque pas retouché le texte et Sève a trouvé l’intention que je voulais y mettre.

Donc du basique ! Du rock !

Bonne écoute

#Chris2020

Version Youtube de la chanson pour encore plus de partage

Les héros

Cette chanson est écrite depuis assez longtemps. La musique a sans doute plus de 30 ans. Les paroles, elles, datent de 2015. Ce sont les attentats de Paris qui me les ont inspirées. Je ne suis pas coutumier des textes polémiques même si je pense que mes chansons prennent souvent des positions très personnelles.
J’ai fait lire le texte “Les héros” à plusieurs personnes et je reste convaincu que mes intentions n’ont pas toujours été comprises. C’est une des raisons qui ont retardées la sortie du titre.

Le héros, le grec, le romantique, le moderne sont tous des figures “positives” qui engendrent souvent une admiration que je peine à comprendre. Aujourd’hui, c’est le héros ordinaire qui est porté aux nues pour avoir agi normalement.
Les actes significatifs individuels sont désormais à la portée du premier venu déterminé à foncer sur une foule.
Alors ce n’est plus l’individu qui se porte vers l’acte héroïque mais l’action normale qu’on estampille de la valeur morale d’héroïque.

De fait, tout devient confus. Celui qui agit normalement se voit porter en triomphe comme si c’était ça le nouveau courage, la nouvelle hors-norme. Les super-héros envahissent les écrans et on cherche les vrais. Le superlatif est là pour nous rappeler qu’il est donc possible d’être un simple héros, un héros ordinaire, oxymore des temps modernes.

Ma chanson parle avant tout de ce qui motive l’aspirant héros. Et par héros, je désigne celui qui agit pour le devenir, peu importe que ses actes ne soient pas considérés comme héroïques par les autres. Je pense que l’aveuglement du terroriste vient justement du sentiment de légitimité de son action, de sa certitude que les autres ne comprennent pas qu’il agit héroïquement. Ce sentiment d’abnégation est pour moi ce qui est spécifique au héros, plus que l’envie de reconnaissance. Et certain de son bon droit, il prend la pause.

Et vous comprenez sans doute que c’est là que mes propos peuvent choquer.
Je veux juste dire que la recherche de héros, ce besoin manifeste d’en trouver un peu partout, révèlent les dérives d’une époque où nous sommes traumatisés par leur disparition, par ce qui pouvait ressembler à une possibilité de se dépasser, de devenir quelqu’un. Nous vivons une époque négationniste d’elle-même, incapable d’accepter que l’ordinaire est une fin, que le dépassement de soi n’est pas un bien mais une nécessité à laquelle nos ancêtres ont dû se résigner pour survivre.
En mai 2020, nous venons justement d’avoir une flambée d’héroïsme quotidien. Mais pour moi, si elles et ils ont été qualifiés comme tels, c’est justement parce que certains ont été incapables d’y reconnaître ce qui devrait être une norme de comportement. En les qualifiant ainsi, ils se sont mis à l’abris des reproches, de l’action, du comportement exemplaire. Après tout, ils sont bien ordinaires et l’héroïsme n’est pas donné à tous.

C’est d’ailleurs le moment que j’ai choisi pour abandonner le pseudonyme. Au-revoir JeanSol. Je le rends à Vian et je signe désormais de mon nom.

Chris 05/2020

La chanson est aussi désormais en écoute sur ma chaîne Youtube