“science sans conscience…

Science-fiction

…n’est que ruine de l’âme. ”

La phrase de Rabelais prend-elle tout son sens à notre époque ?

La science fiction est un genre littéraire sous estimé par beaucoup de lecteurs pourtant assidus à d’autres styles littéraires. Elle est reléguée au rang d’une sous-littérature ludique et superficielle par la plupart de ceux qui paradoxalement n’ont jamais ouvert un livre de SF.
Sans oublier que beaucoup confondent les genres pourtant radicalement différents que sont la science-fiction (Isaac Asimov, Pierre Boule, Arthur C.Clarke, Phillip K.Dick …) le fantastique (Lovecraft, Edgar Alan Poe, Maupassant…), le fantasy (Tolkien), l’épouvante (Stephen King), etc.
On retrouve la même confusion dans le cinéma.

Alors que le fantastique nous propose une exploration des fantasmes de notre inconscient dans notre quotidien ou dans des mondes irréalisables, qu’il introduit une variante improbable dans notre ordinaire et observe comment nous réagirions, la science-fiction joue les oracles, voire parfois les cassandres.

Pour moi, la science fiction est très souvent philosophique, car elle cherche à donner du sens à l’absurdité de notre monde. Elle est très contemporaine puisque le terme “science” qu’elle contient est à comprendre dans sa définition du XXème siècle, c’est à dire comme une connaissance positive et souvent technologique, acquise par l’expérimentation et l’observation.

Bien sûr, certains thèmes sont en bordure de cette définition. Le voyage dans le temps par exemple est-il du côté du fantastique ou de la science-fiction ? Je répondrais qu’il est fantastique dans le très bon roman de Stephen King “22-11-63” (actuellement décliné en série télévisée au USA) et qu’il est de la science-fiction dans le non-moins excellent film de Christopher Nolan “insterstellar”. Il est donc vrai que ces genres sont apparentés.

Mais les questions posées ne sont pas les mêmes. Dans son œuvre (un peu réactionnaire pour moi, pour tout vous dire), René Barjavel, l’un des grands auteurs de SF français, nous adresse des avertissements : Dans “Ravage”, il pointe du doigt les dangers de la modernité gratuite. Dans “la nuit des temps” et “une rose au paradis”, il dénonce les dérives du progrès et de la course aux armements. Dans “le grand secret”, il nous parle d’une science qui ouvre la boîte de Pandore de l’immortalité.

Et c’est bien là le grand mérite de la science fiction : nous montrer, nous amener à voir un avenir proche où nous perdrions le contrôle de cette science si quotidienne mais qui contiendrait en elle les germes de notre propre fin.
Je ne dis pas que la science-fiction est toujours pessimiste. Ce serait dire qu’elle n’est que moraliste. Elle est même souvent optimiste car elle dit que tout est possible si nous prenons conscience des risques qui côtoient immanquablement tout changement.

De ce fait, est-t-il un genre littéraire plus essentiel qu’un livre qui nous offre à la fois le rêve et la réflexion ?

Après cette introduction au genre, je vous parlerai de Ray Bradbury et de ses “Chroniques martiennes” dans mon prochain article.

 

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