Pendant que Sève se remettait de ses diverses angines, trachéites et autres maux hivernaux , j’ai peaufiné la réalisation des chansons. La reprise de l’enregistrement des voix a enfin pu se faire cette semaine. Les chansons restantes devraient donc bientôt pouvoir être toutes mixées et proposées à votre écoute.
Pour recommencer, nous vous proposons cette reprise d’une chanson très connue de Calogero de 2003 : Yalla.
Sève est toujours au choix des chansons de l’album mais c’est bien moi qui produis et choisis les arrangements. Pour ce remix, je me suis amusé à mettre une ambiance électro et vous remarquerez même un usage, discret mais assumé, du célébré auto-tune. IL s’agit en fait d’un correcteur automatique de justesse qui est très utilisé dans tous les studios. Il est normalement imperceptible sauf si on force le résultat. C’est devenu presque incontournable dans une certaine frange du R’nB, de l’electro et du Hip-Hop.
Côté texte, j’ai découvert que c’est une chanson en hommage à Soeur Emmanuelle… No comment.
Parmi tous les artistes français, certains parviennent à tracer leur route depuis des années (voire même des dizaines d’années) sans se plier au cirque médiatique. Ils remplissent des salles de concert (Hubert Félix Thiéfaine). Ils publient des albums splendides (Clarika). Je ne sais pas s’ils refusent vraiment la popularité mais leurs œuvres n’ont rien à envier à celles d’autres ni forcément meilleures, ni forcément moins bonnes.
Ce serait peut-être naïf de penser que la qualité d’une oeuvre se mesure de façon inversement proportionnelle à sa célébration par le plus grand nombre. Comme si quantité et qualité étaient incompatibles. Nous sommes tous des consommateurs avant tout.
Alors pourquoi aller chercher plus loin, plus profondément, plus caché, ce qui pourrait nous convenir ? A quoi bon passer du temps à découvrir quand ce qu’on nous met sous les yeux convient déjà à nos oreilles ? Comme pour un produit commercial standard, notre manque de curiosité ne nous prive pas forcément des bonnes choses mais il nous prive de l’occasion de choisir, de faire foisonner le bouillon culturel.
Nous n’avons plus l’excuse de nos parents qui n’avaient que quelques radios à écouter. Pour ma part, enfant de la FM, j’ai déjà moins de motifs d’être ignorant. Mais aujourd’hui, chaque chansons, chaque musique devrait avoir sa chance.
Et pourtant, ce qui aurait dû être le pouvoir rendu à l’initiative individuelle a été très vite repris en main par les mêmes intérêts qu’hier. C’est de nouveau la loi du massif qui domine, celle de la pensée unique ou au mieux alternative à deux positions (j’aime/j’aime pas). On like mais on ne donne un pouce que du bout du doigt. On met finalement toujours les oeuvres à l’index.
Bon, après cette longue intro, je vous propose une nouvelle reprise. C’est à Dominique A que nous nous frottons cette fois. Espérons que ce contact ne le ferait pas rougir. Ce texte est, pour moi, l’un des plus beaux et des plus émouvants de la chanson française de ces 25 dernières années.
Deuxième reprise : “Place de mon coeur”. Première chanson de l’excellent 5ème album de 2012 “Foule monstre” du non-moins excellent groupe français “Eiffel”
Notre album a désormais un nom
“De fil en aiguille” (cherchez, cherchez !)
et une pochette
Pour vous faire une idée, la version originale, c’est là : clip
Vous ne mettrez pas bien longtemps à découvrir qui se cache derrière cet anglicisme en forme de clin d’oeil à notre patronyme. Quoiqu’il en soit, comme je l’avais annoncé dans l’un de mes derniers articles, voici venu le moment de commencer à vous faire découvrir notre album de reprise. Sève a choisi les titres. Parfois, j’ai dit non. Parfois j’ai dit “super” ! Parfois j’ai dit “ok on essaye mais c’est bien parce que j’ai déjà dit non 2 fois”.
Les 10 titres déjà quasiment terminés sont en phase de rodage et de fignolage. Nous espérons vraiment vous surprendre avec un répertoire francophone très éclectique. Nous ne nous sommes rien interdit.
Un des titres est selon moi terminé. Je vous le propose donc en avant première (l’art du teasing ). Bonne écoute. Nous attendons vos retours.
Voici donc venu le moment de vous présenter la dernière chanson de l’album.
L’idée du projet m’est venue en 2012.
Les dernières chansons ont été écrites en 2014 et la réalisation s’est achevée en 2015.
Comme je l’avais expliqué au tout début de ces articles, l’idée a été d’écrire sur les livres que j’ai aimés. La première chanson était une introduction autobiographique. La dernière est fiction (pour ceux qui auraient pu se le demander).
“Lire” est réellement une apologie de la lecture, le message que, sans elle, nous sommes abandonnés à nous-même et à la merci des autres. L’ordonnance de Villers-Cotterets par laquelle François 1er imposa en 1539 le français comme la langue dans laquelle les actes juridiques devraient être transcrits signifie bien l’importance qu’il y a à savoir lire.
C’est pouvoir se défendre, prouver, comparer autant que simplement s’instruire (je goûte là un quasi-oxymore car s’instruire peut-il être simple ?).
“Lire” est une pièce en 3 actes. Une sorte de tragédie classique. Mon personnage raconte sa déchéance (j’en ai connu qui occupaient vraiment l’heure de cours à cocher une case de leur cahier toutes les minutes. Au bout de 60 croix, le cours est donc terminé), sa lutte et sa victoire. Et c’est son enfant et à travers lui son enfance même qui le sauve car c’est aussi de ses premiers moments de lecture que lui viennent sa capacité à réapprendre à lire. On m’a affirmé que la lecture ne peut être oubliée et que pour cette raison on ne peut pas réapprendre quelque chose qu’on n’a pas perdu. Je rencontre pourtant assez souvent des personnes pour qui la lecture est devenue une étrangère, qui mettent en place des stratégies très complexes pour fuir les occasions d’avoir à lire, et qui de ce fait, fatalement, se dé-sociabilisent, s’excluent des décisions et se replient sur elles-mêmes.
Pour cela, “Lire” est aussi un hymne à l’apprentissage et à la conservation de ce savoir qu’est la lecture. Et donc indirectement, c’est un hymne à l’école. Je me demande ce qui serait advenu de ce petit garçon imaginaire s’il avait vécu dans un pays où l’école n’est pas obligatoire. Son parent qui a renoncé à lire aurait-il eu l’envie de lui fournir cet outil malgré tout ? Quand l’enfant créé chez son père cette réaction (un sursaut d’orgueil ?), c’est l’école qui gagne 2 fois, pour l’enfant et pour sa famille.
Demandez vous si vous lisez assez.
Demandez vous si, autour de vous, beaucoup de gens lisent.
Demandez vous pourquoi certains ne lisent pas et essayez de leur communiquer cette envie.
Lorsque j’écris seul ces quelques phrases, à la manière de ces interpellations ridicules sur les murs de facebook (“mets un like et je saurai que tu lis mes posts…), je me demande aussi qui me lit.
J’espère surtout que ces dix chansons vous auront donné une vraie envie de lire.