Aleph

aleph fusain

“Aleph” a été longtemps le pseudonyme que j’utilisais pour mon activité de musicien.

L’origine de ce choix remonte à mes études de philosophie. Roland Quilliot nous avait fait découvrir un recueil de nouvelles Jorge Luis Borges, un auteur argentin. Son oeuvre n’est pas tout à fait ce qu’on pourrait qualifier de easy-listening. Je veux dire par là que cette littérature ne donne du plaisir que si on s’y immerge complètement. Borges est considéré comme un poète mais c’est surtout l’imprégnation métaphysique de son oeuvre qui m’a parlé.

Dans le recueil qui s’appelle donc “L’Aleph”, on trouve plusieurs contes dont la nouvelle éponyme qui m’a inspiré la chanson.
Il m’est si difficile d’expliquer ce que représente ce texte pour moi que je ne vois pas vraiment d’autre solution que de nouveau vous inviter à en lire l’extrait que je partage, en espérant qu’il vous donnera envie de lire le reste.

Le sens de ma chanson tourne lui autour d’une évocation du vertige que me donne le texte de Borges. J’aime la disproportion, les oxymores et le va-et-vient entre deux infinis qu’il propose . J’ai donc eu envie  (besoin) de continuer cet inventaire de contradictions assumées. Je trouve certaines similitudes avec l’écriture foisonnante d’un autre de mes auteurs favoris, Umberto Eco.

Alea jacta est

coeur

Petit bonus du 14 février

Fête des amoureux oblige, j’ai réorchestrée la chanson que j’avais écrite et composée en 1993, peu après notre mariage. Je l’avais déjà réalisée sur l’album “C.A.S.A”.
Alea jacta est” est la formule que nous avons fait graver dans nos alliances car une vie de couple, c’est un pari où rien n’est écrit d’avance et où il faut accepter les risques.

Sève, ces aléas partagés depuis plus de 24 ans n’ont jamais entamé ma volonté de poursuivre le chemin. Je t’aime

Petite version électro

manuscrit

Musicalement, le choix n’était pas facile. La version d’origine que j’avais enregistrée dès 1999 (cf l’album “C.A.S.A” dans Aleph) pour une musique que j’ai probablement composée en 1988 se voulait plutôt folk, une balade guitare voix minimaliste.

Je propose cette fois une version plus électro. C’est comme ça que je le définirai mais sous quel genre la rangeriez-vous ? Dite le moi…

Petit orgue style Hammond créé à partir de EZkeys, une basse, des nappes, des drums très boîte à rythmes et les arpèges très scintillants de ma telecaster.
Ambiance mélancolique sur laquelle Sève pose sa voix.

Il venait d’avoir 18 ans…

18ans

Aujourd’hui, Lucas a 18 ans.
Voici la chanson que je lui avais consacrée dans l’album “Le roman et l’étincelle”

 

Le malheureux espagnol

la-tour

Pour cette chanson, je ne prends pas la parole. Je l’emprunte à Gérard de Nerval. Même si le projet de l’album est d’écrire sur mes livres préférés, je ne me voyais pas écrire sur un poème et en même temps, je ne pouvais pas ne pas honorer ce texte.

Gérard est un poète du XIXème siècle. Il est assez fréquemment étudié au lycée.
De son œuvre, je ne connais finalement qu’assez peu de choses. La découverte de ce poème magnifique, je la dois à mon prof de français de 1ère A1 (l’actuelle 1ère L avec option maths et philo, je sais que ça peut paraître bizarre et je ne sais pas si ce mélange d’apprentissages existe encore aujourd’hui).
Ce professeur s’appelle Pierre Bastide. Je sais qu’il n’enseigne plus mais qu’il écrit lui-même de la poésie et qu’il publie des œuvres telles que celle-ci “Lithogrammes” .
Même s’il n’en sait rien, je lui dois sans doute mes premiers vrais émois littéraires et sa façon d’enseigner la littérature a donné un amour des lettres et l’envie d’écrire à au moins 2 personnes : (Moi-même, je me cite en 1er, c’est pas bien…) et Patrice Maltaverne qui est un poète habitant aujourd’hui à Metz avec lequel j’étais au lycée. Deux élèves au moins d’une même classe la même année… C’est un bon résultat, une preuve de l’efficacité et de la qualité de l’enseignement en France, non ? Combien au final ce professeur aura-t-il suscité de vocations ?

El Desdichado est un poème très sombre. Quand on s’intéresse à la vie de son auteur, on trouve quelques pistes pour en décrypter le sens. Je n’ai jamais revérifié cette source mais je me souviens encore assez bien des explications de Pierre Bastide : “La tour Abolie” car De Nerval se pensait issue d’une vieille famille noble. “Deux fois traversé l’Achéron” car il a été deux fois interné en hôpital psychiatrique. Je ne vais pas vous refaire mes cours de 1ère mais je vous invite à aller chercher plus profondément le sens de la symbolique de ce poème.

La fin de De Nerval ne manque pas non plus de saveur quand on sait qu’il s’est pendu à un réverbère, rue de la vieille lanterne à Paris, toute une symbolique jusqu’au moment de mourir… mais c’est peut-être une légende…