Le récit se fonde en partie sur le journal tenu en 1897-98 par le « capitaine » Simonini, un faussaire italien réfugié à Paris. Troublé par d'étonnants trous de mémoire et, surtout, par l'intrusion, dans son appartement et dans son propre journal, d'un mystérieux alter-ego, l'abbé Dalla Piccola, Simonini mène une introspection afin de dissiper sa confusion. Il est ainsi amené à rédiger ses souvenirs, entrecoupés par les interventions de l'abbé et les tentatives de synthèse du narrateur.
Né en 1830, Simonini a été aussi bien façonné par l'anticléricalisme de son carbonaro de père que par l'antijudaïsme et l'antimaçonnisme réactionnaire de son grand-père. Ce dernier, partisan de la théorie du complot d'Augustin Barruel, incluait celle-ci dans une vaste entreprise de domination menée par les Juifs.
Devenu faussaire puis espion, Simonini commit ses premiers méfaits lors de l'expédition des Mille, où il infiltra les rangs garibaldiens au profit du gouvernement piémontais. Après 1860, il continua ses activités à Paris, pour le compte des services secrets français, des jésuites, de l'Okhrana et de bien d'autres clients. Sous l'influence des romans populaires d'Eugène Sue et Alexandre Dumas et au contact de publicistes plus ou moins marginaux que ses activités louches l'amenaient à côtoyer, Simonini développa progressivement la trame des Protocoles des Sages de Sion, un faux destiné à démontrer l'existence d'un complot judéo-maçonnique.
En se remémorant son parcours, Simonini lève le voile sur sa participation plus ou moins directe à des événements historiques mais aussi sur des actes qu'il était incapable d'assumer ...